• En bordure 13...

    poésie de tous les chemins

     

    le chemin prend sa virée
    là où le coeur battait si fort
    et que dans la nuit noire
    il fallait chercher le pain
    chantant à tue-tête
    pour étourdir les oreilles
    chasser les mystères cachés
    derrière le vent des platanes

    le chemin passe devant le lavoir
    entouré de murmurantes ruisselles
    qui ne retient plus l'eau de source
    et qui se laisse chaque fois envahir
    par les ronces les orties et les pissenlits
    où se perd l'unique ballon
    quand l'aboiement rustique du chien
    fait prendre la poudre d'escampette

    le chemin s'enroule autour du tilleul
    dont les racines offrent le temps d'une pause
    le loisir des bavardages hasardeux
    les fourmis y élisent domicile
    et mettent fin par leurs cheminements
    à la halte nappée de senteurs sucrées
    près de la grange débordant de paille dorée
    gardée par des charrues et autres vestiges

    le chemin longe les enclos
    des ânes des vaches ou des chèvres
    à l'affût du sel de nos mains tendues
    gris doux blanc noir ou fauve
    au tableau s'ajoute les senteurs de crottin
    et les pieds égrènent ces traces semées
    tout au long des touffes de sauge bleue
    abritant en bouquets les pucerons mielleux

    le chemin va plus loin
    là où grandit l'étendue de maïs
    qui secoue ses feuilles élancées
    accompagnant le bruit de l'air
    sèchant ses épis au chant du grillon
    qui masque les volte-face en sourdine
    des lièvres des chevreuils et leurs biches
    des faisanes dorées et autres rongeurs de nuit

    le chemin grimpe aux grottes idylliques
    où sont gravées les coeurs improbables
    portant les signes des rendez-vous
    du temps des parenthèses floues
    et où s'accumulent le sable doux
    remplissant chaque été les bacs à jeux
    de toute une vallée de jardins
    aidée par des vieux en brouettes

    le chemin pousse jusqu'à la masure
    où le pisé et les pierres laissent deviner
    les vestiges des vies passées
    enrobées du parfum des violettes
    à l'ombre du souvenir d'un verger
    le temps pris pour mêler patiemment
    les pétales blanches ou mauves
    reste toujours du temps gagné

    le chemin traverse le sous-bois
    et se retrouve près du château des rois
    celui qui a deux ou trois tours
    qui n'a vu à ce jour âme qui vive
    tout au long de ses quatre saisons
    gardant les volets fermés à la curiosité
    mais se laissant emporté

    par l'édit de l'enfance

    le chemin peut rebrousser chemin
    et conduit qui veut bien l'aventure
    au pays d'un autre palais idéal
    celui d'un marcheur de campagne
    cueillant chaque jour dans sa besace bleue
    les pierres de mollasse lentement sculptées
    aux tours des coquillages de mers reculées
    mêlant avec passion les traces d'humanité

    le chemin peut prendre la traverse
    pour venir en détours jusqu'à nous
    il se charge des parfums de poésie
    il se plaît au jeu de la cachette
    où les trésors enfouis par la vie
    sont à rechercher avec persévérance
    pour faire pétiller la braise gardée
    dans le secret des corps et des coeurs

     

    @ andrée wizem

    2006

    poésie de tous les chemins dialogue avec notre chemin

     (voir plus loin...clic...)

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