• ..............................................................................

    draps jusqu'aux oreilles

    loup et froid sont aux abois

    longs glapissements

     

    glacis bordant l'oreiller

    fond de l'air de marbre blanc

    ..............................................................................

     

    andrée wizem


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  • la traverse

     

    j'ai traversé un océan

    j'ai traversé un pays

    j'ai traversé un fleuve

    j'ai traversé une ville

    j'ai traversé une rue

     

    me voilà

    où es tu

     

    l'océan le pays le fleuve

    la ville la rue

    sans nom


    j'ai traversé la rue

    j'ai traversé la ville

    j'ai traversé le fleuve

    j'ai traversé le pays

    j'ai traversé l'océan


    nous voilà

    sans noms

     

    andrée wizem


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  • mon coeur balance

     

    lorsque j'étais enfant

    ma mère me donna

    les doux surnoms

    de marylin monroe et jaqueline brandon

    ou du moins a t elle prononcé ces noms une fois

    au moins à mon intention


    vous l'aurez deviné

    je dois plus ressembler à une jaqueline brandon

    qu'à une maryline monroe

    il faut préciser que

    jaqueline brandon reste une inconnue dont j'ignore la destinée

    tandis que marylin monroe peine à se faire oublier

    sous les tentatives de découpage de caviardage

    de cuisine artistique

    pleurant parfois des larmes de sang


    donc disais je

    jaqueline brandon reste un modèle inexistant à nos yeux

    qui ne demande qu'à naître à la légende

    rejoignant marylin monroe qui descend l'escalier

    vous noterez que

    cette affiche années soixante étant encore introuvable

    l'orthographe de jaqueline est sujette à interprétation


    ma mère fut donc bien inspirée

    de m'offrir la vaste panoplie

    à l"image ci devant

     

    andrée wizem


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  •  les insolites

     

    ce guéridon géant

    longuement inspiré de celui

    qui trône dans l'angle d'une pièce

    appuyé sur son trépied

    imitant les volutes des troncs chantournés

    marquant une épingle à cheveux avant la forêt

     

    cette table ronde

    orientée vers les corps célestes

    parabole pour capter lumière et nuages

    cachette pour un cheval de mer

    qui n'en finit pas de revenir

    des contrées de chine

    des zones abyssales

    des marges de la ferme désertée

    par veaux vaches et moutons

     

    ce carroussel à ciel ouvert

     

    ce tarmac désert

    squatté désormais par des inconnus

    levant les yeux à notre passage

    sans nous reconnaître

    replongeant dans leurs piles de journaux

    où s'est perdue la bonne nouvelle

     

    andrée wizem


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  • ...................................................................

     

    un léger cache coeur

    des océans de frissons

    au point de coquille

     

    au cliquetis des aiguilles

    la rosace est ajourée

     

    ...................................................................

     

    andrée wizem


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  • voeu

     

    que rapportes tu dans ton poing levé

    quel papillon dont tu as frôlé les ailes

    quelle feuille aux airs de cerf volant

    quel arc en ciel en pépites

     

    dans ton poing déplié

    la note ténue d'un chant

    un baiser de plumes

    frémissant

     

    andrée wizem


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  • couloir


    permanence des corps mourants

    un bras est projeté

    contractions du coeur

    qui se révulse

     

    l'image se replie dans les traits secs

    les jambes pendantes au bras d'une femme

    dans le couloir qui jouxte la salle de soins


    il est tôt ou il est tard

     

    des osselets marquant les orteils

    tu remontes au ventre creux au sternum bombé

    puis tu tombes avec la tête

    aux yeux fixes

     

    tu fais le calcul des sept ou huit années

    d'une enfance qui se liquéfie

    sous nos regards

    tu ne vois plus le pagne sur la peau

     

    mais

    quelque chose a bougé dans l'image

    la main décharnée s'est mise à jouer

    avec la médaille qui pend au cou de la mère

     

    c'est à ce moment là qu'une voix dit un numéro

    la femme se lève portant son enfant

    survivant


    andrée wizem

     


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  • ici radio partisane

     

    pour nous les chroniqueurs

    ont fait leur petit marché

    ce qu'ils aiment avant tout

    ce sont les poètes suicidés

     

    écoute les douter des révoltés

    encenser le fatalisme bon teint

    choisir leurs leaders de marque

    expertiser le sexe des angelots

     

    pour nous les chroniqueuses

    zieutent le bon angle de vue

    les poètes de la bonne liste

    les renoncements de bon aloi

     

    écoute les annoncer nos défaites

    taire leurs nouvelles aliénations

    mettre à profit les opportunités

    et tomber au fond des oubliettes

     

    à la radio de bon matin

    un poète s'est affranchi

    (ou poétesse qui le sait)

    a bousculé les barrières

    les micros et les caméras

    abandonnant la chronique

    à ses basses médiocrités

    ainsi s'élance la poésie

    où se trouve l'inattendu

     

    andrée wizem

     

     


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  •  poésie en réunion


    un poète me dit

    écrivons un roman

    je lui dis

    le roman de la vie

     

    une poétesse me dit

    allons gaiement à la poésie

    je lui dis

    mais oui soyons fous

     

    un poète me dit

    laissons nous porter par le vent

    je lui dis

    en météo le doute persiste

     

    une poétesse me dit

    peu importe le message en bouteille

    je lui dis

    pourvu qu'il nous reste l'ivresse

     

    un poète me dit

    qu'à cela ne tienne

    je lui dis

    c'est tout le problème


    une poétesse me dit

    parlons parlons du textuel

    je lui dis

    la recension est un frein au poème


    un poète me dit

    les clés de l'analyse sont une clé

    je lui dis

    cherchons les trous des serrures


    une poétesse ne dit rien

    rien qui vaille du moins

    je lui dis

    admettons que cela ait un sens


    un poète ne dit rien

    mystères des traductions

    je lui dis

    à la prochaine et pas de quoi


    andrée wizem



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  • certes

     

    la question m'assaille

     

    eaux noires alourdies d'algues

    battant la coque d'un esquif

    somme toute bien sombre

     

    pointe de sagaie

    plantée dans un désert de sable

    sondant les remuements de nuit

     

    certes

    la question est au long cours

     

    andrée wizem


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