• Trace de slam 50...

    rappel

    "état d'urgence: sans papiers
    où en sommes nous..."
    point fait par l'ASTIV suivi de
    paroles d'exil mises en représentation...
     textes de l'atelier d'écriture des femmes...
    textes de slameurs et slameuses
      dits par andrée wizem...
    échanges...

    vendredi 17 avril 2009
    20h
    salle mandela
    25 rue charles gounod
    26000 valence
    04.75.55.37.96
    ...................................
    ne pouvant être présent le 17
    henri bourgon ...
    m'a adressé un texte qu'il a présenté lors
    de la précédente scène à "la passerelle"...


    andrée w.
    ..............

    Image de marque

     

     

    Qu’est-ce qu’il dit ton cul serré dans ton 501 ?

    Qu’est-ce qu’il dit ton corps huilé Calvin Klein ?

    Qu’est-ce que disent tes pieds Adidas ? tes orteils hélas ?

    Quand ton pèze va dans la poche des rapaces ?

     

    Et pendant ce temps-là

    le Palestinien est en pâle estime.

     

    Est-ce que tu te sens un homme

    quand tu es au volant de ton audi-BM ?

    Quand tu éjacules tes décibels

    sur les murs de l’indifférence ?

    Tandis que le bijoutier se marre.

    Tandis que ta Rolex se barre ?

     

    Et pendant ce temps-là

    le Chilien est chili con carne.

     

    Tu courres tu courres tu courres

    Dans tes Nike ta mère, just do it

    Mais t’es plus au top du hit.

    Tes yeux crèvent d’envie du luxe des vitrines

    Tu te consoles en avalant ta bibine.

     

    Et pendant ce temps-là

    La viande s’achète, la viande se déchiquette.

     

    Tu noies ton chagrin de ne pouvoir

    ressembler aux bourges qui distillent l’espoir.

    Ces bourges qui exploitent ta crédulité

    en te faisant consommer leur vérité.

    Leur vérité de merde

    de vouloir leur ressembler

     

    Et pendant ce temps-là

    Le nez pâle renifle le Tibétain.

    On ne va pas chinoiser.

     

    Tu veux la plus grosse caisse

    Avoir la gourmette et la casquette

    Avoir une meuf qui tourne

    comme une toupie folle de rimmel

    Pauvre poupée Barbie

    épargnant pour le silicone,

    sur sa pension d’invalidité.

    Pauvre pantin manipulé.

     

    Et pendant ce temps-là

    L’Argentin danse le tango avec la mort

    Dans les ossuaires franco de port.

     

    Tes envies ne t’appartiennent plus

    Tes envies sont décidées en haut lieu

    Tes sorties au centre commercial.

    Tu tournes en cage comme un animal

    Tu tournes ta propre vis

    Tu tournes ta vie avec ton portable,

    (ton appendice auriculaire jetable).

    Sans savoir que c’est toi qu’on va jeter

    Jeter aux oubliettes de l’histoire.

     

    Et pendant ce temps-là

    Les Talibans reprennent du mordant.

    Les Talibans maman ! Maman, les Talibans !

     

    T’es pas assez rentable mec !

    T’es pas assez bankable miss !

    Tu subis tu subis tu subis.

    Tu copies tu copies tu copies

    Copie conforme, copie aux normes.

     

    Et pendant ce temps-là

    En France on quotabilise les irréguliers en situation.

     

    Tu rentres dans l’ordre établi

    Tu rends chaque jour ta copie

    Tu rends l’âme au bout du compte,

    croyant atteindre le Nirvana.

    Le nirvana de l’image de marque

    Le nirvana authentifié, certifié conforme,

    tamponné en bonne et due forme.

     

    Et pendant ce temps-là

    A Bamako, Mali

    les charters dansent la macarena

    Ils atterrissent en file indienne

    avec leur cargaison d’ébène.

     

    Aujourd’hui t’es mort !

    Il te faut encore raquer ton cercueil et tes obsèques

    Tu peux plus brûler en paix.

    Mais non, qu’est –ce que je dis ?

    T’es pas mort aujourd’hui.

    Il y a longtemps que tu es mort.

    T’es déjà mort.

     

    Et pendant ce temps-là

    Les mouettes crèvent dans le mazout.

    Vos gueules les mouettes !

     

    Ton histoire sur le net

    ne fait plus rire personne

    Est-ce qu’on rit de quelqu’un

    qui est devenu son propre maton ?

    Qui est devenu son propre flic ?

    A force de fliquer sa femme.

    A force de fliquer la norme.

    A force de fliquer ses fringues.

    A force de fliquer son air.

    A force de fliquer son nid.

    A force de fliquer les autres

    Pour leur ressembler

    Pour ressembler aux mecs de la cité

    Pour ressembler aux meufs des magasines

     

    Et pendant ce temps-là

    La racaille est dans les bureaux.

    Costumes et cravates en érection

    préparant l’extermination.

     

    Tes tags sont récupérés par la pub

    La couleur de ta peau est exploitée par les marques

    Ton attitude est étudiée par la grande distribution

    Ta poitrine aubade sexy sexe

    s’affiche sur les murs de silex.

     

    Et pendant ce temps-là

    Il faut coller les images sur un cahier à ligne.

    Faut pas sortir du cadre.

     

    T’as l’impression de t’éclater

    T’as l’impression d’être le roi du monde.

    Ton père est mort de la silicose

    Ton père tousse son béton

    Ta mère veut le mieux pour toi

    Ses rides n’en peuvent plus, ses jambes enflent

    Tes frères et tes sœurs sont fiers sur canapés.
    Ton patron t’attend prés de l’enclume

    Ton patron te passe au marteau pilon.

     

    Et pendant ce temps-là

    Mon colon interdit encore des spectacles

    qui parlent de son comportement.

    C’était il n’y a pas si longtemps

    en 2008 si je ne m’abuse. En 2009 c’est sur,

    les marchands d’esclaves ont encore de beaux jours.

     

    Tu souris, tu penses avoir réussi

    A ton tour tu copies.

    Tu donnes ton sang, tu donnes ta vie

    Les autres comptent les liasses

    pendant que toi tu te planques

    de ton reflet dans le miroir,

    de ton regret dans le tiroir,

    de ta copie conforme rangée dans sa boite,

    à côté des autres boites

     

    Et pendant ce temps-là

    On colle des hommages sur les dommages…collatéraux

    Y a pas de policier sans bavure,

    de bébé sans bavoir,

    de CRS sans battoir,

    de con aléatoire.

     

    Prend tes cachets

    Fout nous la paix

    Prend ta dose

    Echappe à ta nécrose

    Prend ta seringue

    Oubli tes fringues

    Prend ton caddie

    T’as plus de soucis

    Pour ta promenade du dimanche

    c’est toujours mieux qu’Avranches.

     

    Et pendant ce temps-là

    Le cha cha cha des tchétchènes

    S’emballe sous les balles.

     

    T’est-il venu à l’esprit

    d’imaginer une autre vie ?

    Une vie où on se parle, où on sourit

    Une vie que tu décides et que tu ne subis plus

    Une vie qui vaut la peine d’être vécue

    Une vie sans entrave, sans esclave

    Une vie autonome, sans exploiter l’autre

    Une vraie vie, quoi !

     

    Et pendant ce temps-là

    Les pourritures célestes confisquaient les postes de radios.

    Les bêtes sauvages immolaient les rires

    Les pas de l’oie piétinaient les restes de liberté

    Le vert de gris absorbait les arcs en ciel

    Les turbans muselaient le verbe

    Les capitaines d’industries fabriquaient des baillons.

    Et pendant ce temps-là

    Et pendant ce temps-là…

    De nouvelles fleurs poussaient…

    Une vraie vie, quoi !

     

    Henri Bourgon     (10 Mars 2009)

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