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Atelier d'écriture impromptu...13 Octobre 2018...
Impromptu à la débottée !
Exposition:
Peinture de Marie Fagué
et
atelier d'écriture ponctuel
"Intérieurs"
(nous étions une quinzaine avec les propositions d'écriture de Anna Fisher)
le 13.10.2018
au Cause Toujours
Valence 26
http://lecausetoujours.fr/agenda/atelier-decriture-autour-de-lexposition-interieurs/
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Intérieur
Suspendu
un souffle
entre l'ail et l'oignon
feuille de chou bancale
litres de matière fumeuse
empilement de grisaille
temps de l'herbier
A l'étendage
Christ de froideur
madone à pinces
rayures d'ancêtre
alignement
d'une flopée
de robes et de culottes
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Réminiscences
Ah! ça! J'en ai goûté du jambon
de l'huile de noix plein la cruche
dans la remise près des cochons
Le passage
à l'évier d'angle
près de la verrière
était troué de rêveries bleu de Prusse
à cause de la fantaisie
d'une faïence
Au meilleur des jours?
le feu d'une bouilloire
au pied du fauteuil rouge
volé à l'absence
la ferronnerie débordant
sur une rue
passante
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L'art de la cohabitation.
La pendule n'avait pas posé de problème.
Pourvu qu'elle marche.
Pourvu qu'elle indique l'heure des vaches et l'heure du coucher.
Comme la confirmation du rituel entre nous.
La chaise rouge, non plus, n'avait pas encombré la conversation. Elle était là. Il en fallait deux. Elle, c'était la deuxième.
Le pigment des murs! Voilà ce qui nous a valu la première querelle!
Lui, voulait garder la teinte ancestrale, imprégnée des odeurs de soupe de sa grand-mère.
Moi, je voulais rafraîchir le décor.
L'idée m'était venue le temps d'une lessive.
La lessiveuse ronronnait et les bouillonnements m'avait pincé les narines.
De temps à autre, je touillais les draps.
Et c'est dans une parenthèse de cet acabit que le bleu m'est apparu.
Je versai l'eau sale et fumante dans l'évier d'angle et vins lui tenir tête dans la cuisine.
Là, c'était mon royaume.
Le lieu des confitures et sucreries si je le voulais bien.
Les écumoires jouaient à l'éventail suspendus au bouton d'un couvercle rond en métal.
Ma batterie d'ustensiles de cuisine en cuivre trônait sur le fourneau.
Du turquoise sinon rien!
Il se replia dans la remise.
De là, il se laissa aller à des borborygmes pour détendre l'atmosphère.
Il avait l'art du séchage des agapes d'hiver: jambons, noix...
Et, pommes tapées, sa spécialité!
Il en remplissait des bocaux, bien alignés.
Le tout, entre deux visites au bétail dont il était le maître.
La remise était son fatras.
Il reviendrait avec de quoi vanter ses prouesses.
Et nous serions quitte.
Pour le fauteuil, c'était chacun son tour.
La vie était bien faite.
Les travaux du jour nous séparaient.
Nous avions rarement, au même moment, le loisir d'une pause.
Nous nous croisions dans le petit recoin baptisé "salon": l'un se laissait aller, quand l'autre se levait..
Cependant, lui, n'avait pas les grâces du chat.
Il se contentait de la bouilloire à ses pieds.
Mais nous partagions un rai de soleil passant la fenêtre.
Il nous arrivait de cohabiter au fourneau.
Au dessus des marmites.
Orchestrant le ballet des ustensiles.
Chacun à sa place.
Il préférait faire face à la photo d'une jeune tante religieuse et du Christ en croix qu'elle lui avait offert.
Moi, je plongeais dans les pages illustrées du journal que je fixais au manteau de la cheminée, pour ne rien perdre des dernières nouvelles.
Le café passait.
Le linge séchait.
La pendule marquait nos temps de silence.
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Andrée Wizem
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