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Extrait 14 - silence - 29.09.2012...
silence
la rue s'emplit de jupes de caracos de foulards de tuniques
le tableau des couleurs est du genre impressionniste
le regard plonge dans les interstices des peaux humides
la chaleur monte en vapeur vibrante et en nappes floues
la musique est baroque de composition contrastée truffée de doubles croches
perdu entre les talons aiguilles et talons des bottines les escarpins cirés et sandales en lanières le lieu se brise comme le verre à la terrasse de la nuit
silence
les jeux d'eau ventilent leurs gouttelettes comme des panaches blancs
les queues rousses s'évertuent en vols incisifs près des lampes solaires
le puzzle des massifs s'organise dans le tournis d'une vision de toupie
les groupes papillonnants déploient leurs conversations et butinent au gazon
le contraste des ombres et des lumières plaque l'image dans une mise en scène au cordeau
errant entre les cônes issus des fleurs étoilées les ailes des samares les cynorrhodons écarlates et les épis de roseaux le lieu se noie comme un nénuphar en hiver
silence
le printemps est un bleu outremer dans l'ombre des grands arbres
l'oxygène grésille dans les branches comme un chant de criquets affairés dans les blés
les pas craquent dans le foisonnement des chutes résineuses et les pignons brûlés
les pommes de pin s'accrochent aux écailles de sequoïa et de cèdre et en perdent la tête
le champêtre est dru dans le patchwork des camaïeux couturé de barrières de paille
cherchant dans les terres d'amandes les rivières chlorophylles les sources astringuantes du thé la persistance de l'anis le lieu s'immerge comme un amphibien
silence
la colonne des insectes noirs poursuit sa quête de miellat
l'ordonnancement des épines est un parcours de mathématiques sans résolution
la foliole extrême a la verdeur de l'empreinte du doigt et la fragilité des limbes caduques
l'imbroglio des pétales fauves s'ouvre en réceptacle de ciel changeant
le ralenti se répète en une accélération étourdissante et troublante
furetant dans les effluves et les subtilités les fraîcheurs églantines et la sauvagerie légère les douceurs de velours et l'élégance fruitée le lieu penche comme rose sous la pluie
silence
la balançoire oscille entre le vent du nord et le vent du midi
le terrain est creusé par les frottements des semelles freinant le mouvement
les fleurs des saxiphrages des montagnes ont des noms compliqués difficiles à saisir
le pourpre a des nuances claires ou sombres passant par chair rosée ou blanc de crème
l'irruption florale est sur le mode aléatoire et reste parfois forclose
plongeant d'un mystère à un autre tout au long des hampes gringalettes poussées au coeur des feuilles auréolées le lieu se marbre de teintes cinéraires
silence
les lettres manuscrites sur papier jaune poussin divaguent sur le foin
les oisillons nus tombent des nids dans l'indifférence des gens de ferme
les canards ont couleurs de paon de toison mouchetée ou de terres d'automne
les scènes aquatiques fourragent dans des nécessités impérieuses multipliant les ondes
les plumes du geai ont des zébrures fantaisistes des teintes éméraude et des éclats d'acier
nichant dans les fenaisons les bosquets les roselières les iris les étangs les mares le lieu se cherche comme une aiguille de brodeuse
silence
la ville a ses quartiers exotiques et ses marchés des quatre saisons
les côtes passantes grimpent sur les buttes où des jardins surplombent des fleuves
les eaux serpentines glissent entre les berges tapies sous les frondaisons frémissantes
les nuages exubérants se suspendent aux collines de mimosa où affleurent les escaliers de pierre
la rumeur des arrivées au port et des épopées lointaines est ponctuée de klaxons
percevant les senteurs marines les langueurs d'océan les caresses des algues les picotis de sable la puissance de l'iode le lieu se ferme comme un bulot
(que faire des silences
sinon les mettre en musique)
extrait 14 - 29.09.2012
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