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bizarrerie interplanétaire
j'avais cédé
à cet entichement de brocante
avoir une toile cirée du genre planisphère
aux couleurs pastel
j'y voyais jour après jour
vue d'avion des points de la planète
certainement vastes au plus près de la terre
mais dont nul ne savait rien encore
le jeu consistait à se débarrasser des carcans
des lorgnettes des instruments des jargons des épuisettes des
moufles des raquettes des coupe coupe et autres panoplies
pour faire un sort à tout a priori
il fallait s'exercer à ces modulations
infinies et étranges
qu'affectionnaient les amis de picasso himself
badouklyorski neffdjinamar vioujztzarniep mbiam slitfa
nomanlincolt youwiltar jetdablafful kisnedjymjoy mals
blaoudnaoui silmou roamnataon qtoi lremi
lurdi saxirta ko paozbefu wewewe
cela nous menait assez loin
les territoires vierges à l'abri des intrusions inopportunes
gardaient leurs mystères
c'est ainsi qu'autour de la nappe monde
d'épaisses forêts en grottes de falaises
d'oasis minuscules en déserts vertigineux
de rivières souterraines en cimes arboricoles
je pris goût aux infusions patientes
de secrets ininterrompusah
te lier sans les lilas
tel un pli sans multiplis
déni de poésie
au parfum je me délie
âme liée
muguet
grignoter le pli
un atelier sans souris
vie qui rétrécit
sous la plume je me délie
lis lilas
mue et
ah
ah le beau serge
c'était donc quelqu'un
comment chanter ses louanges
entre seize et dix huit vers
ne pas le laisser sombrer
dans les limbes de l'oubli
personne n'est hors programme
si ce qui s'écrit se dit
écrira qui viendra
qui viendra verra
s'il écrira
sans blabla
et
qui
s'en
souviendra
pas moa pas moa
voilà donc l'gang du hang
qu'ont pas trouvé d'mangues
pour faire tanguer la langue
dis dong hong
ton hang
c'est pas mes tongues
mon bateau ivre tangue
dans tout ce blabla dans l'rutabaga
écrira qui swing'ra
qui swing'ra rira
qui vivra aim'ra
sans blabla
et
qui
s'en
souviendra
pas moa pas moa
le hing et le hang
hong
des longues tisseuses
entre deux lessiveuses
c'était pas chabada nada
c'est en sabots ho ho
qu'il fallait franchir l'eau
pas d'temps béni
beni oui oui que revenir à ce pain là là
voilà donc l'gring du hang
qui file à tout berzingue
entre les mots des maux
dira qui s'souviendra
qui s'souviendra pleur'ra
rira bien qui rira
le premier
sans blabla
et
qui
s'en
souviendra
ne viendra pas s'en plaindre
en tout cas
pas moa pas moaprincipe d'évasion
ne jamais laisser de traces
ainsi la roue tourne
rimes à l'amour
chanson du jour
sans atours
chanson d'hier
de misère
chanson d'galère
sur la terre
chanson d'rivière
et de pierres
chansons de pierres
et de terre
chanson du jour
au secours
rêve d'amour
sans discours
chanson
j'accours
pour faire court
haut parleur
le clocher touche le ciel
les bateaux sont à bon port
les agapanthes saturent l'ombre
les maisons font une digue
l'océan lèche le sable
la marée non stop
aube
ou crépuscule
ellipse pour me ravir
en quête
disparus de l'image dissous dans le sel
retrouverez vous les clés jetées des parapets
angelots d'étrangeté aux lourdes ailes cadenassées
navigateurs de hasard
vous n'avez pêché que souliers percés
enquête sur l'eau
remugles de violences
bribes humaines ramenées au filet
silence de métal au goût de plomb
pourtant l'image ne laissait rien prévoir
la baignade n'y était pas interdite
les bateaux étaient beaux
le sable émouvant
toujours crissant joliment
sous le pied
la baie bouche bée
au printempsocéan étal
miroir d'argent
je monologue avec ma nuit
le tutoiement est un leurre pour les poissons
l'île
immobile
caillou de silence
silence de nuit
nuit dans la vie
vie dans la nuit
tangage des pensées
fixer une île
mus par un fil
émergence
infime
à l'instant
désir de jour
d'inflorescences
hanches de repos
envisager
l'île déserte
l'arbre
sur le sable
nu
dévisager
le paysage
passages de témoins
sans tambours ni trompettes
le mystère dans l'air s'éthère
les ruelles ombreuses nichées sous un effilochage de nuages
repères
des roulades à la dérobade
instant d'océan guettant l'instant du reflux
labour des amours
en boucles
une fontaine sourd dans l'arrière pays
tourne et retourne l'image de la plage
le regard pris par des coquillages
quand revient le bris de mer
de quelle peinture se chauffer
cette nuit
où se cache la montagne couchée
flanc éclairés de lavande
coulées de résines brunes
grandiose immergé
dans la craie blanche de staël
tu caresses une île sombre
du regard
debout à la proue de ta barque
vacillant comme la flamme
depuis qu'enfant
un poster au hasard des couloirs
a calciné ta pupillescénario entre chien et loup
on dirait un vélo
on dirait un vélo à pied sec pas rouillé
on dirait un sac
on irait un sac sans bric à brac pas éventré
on dirait un banc
on dirait un banc pas un ban pas de poissons
on dirait un couteau
on dirait un couteau sa lame en dedans rentrée
on dirait un dérapage
on dirait un dérapage des mirages
on dirait un dérapage des mirages naufragés
on dirait une sonnette rouge
on dirait une sonnette rouge pas de sang tue
on dirait rien d'alarmant
on dirait rien d'incommodant pas de mouvement
on dirait l'heure de se rentrer
on dirait l'heure de se rentrer sans rien dire sans rien expliquer
on dirait un jour qui finit
on dirait un jour qui finit mal ou bien c'est incertain
on dirait une nuit qui commence
oui on dirait une obscurité qui s'installe une insécurité
on dirait une histoire entre chien et loup
on dirait bien une histoire
qui se répète
on dirait un vélo
on dirait un vélo abandonné
on dirait une crevaison
on dirait un scénario
pour une drôle de saison
non
les faits sont têtus
comme fétu de paille
et poutre dans l'oeil
un peu de houle ma boule
ne nuit pas au voyage
seule
la pensée s'obnubile
quand s'oblitère la monnaie du pape
en monnaie de singe
histoire de remplir l'auge sans écoper
rimbaud le tempêtueux mirage
n'en est toujours pas revenu
lui qui de la nuit
en connaît un rayon
une rivière si vaste
qu'elle ressemble à la mer
ça n'existe pas ça n'existe pas à ce qu'on croit
l'îlot de rivière
sans les saules sans ripisylve et amphibiens
le flot de rivière
sans bras morts
que nenni
quel nino quel nina
les marins sans marinières
quel embarras
sous prétexte de pêche à la mouche
par un jour de calme plat
bien gratiné mâtiné buriné enrubanné
chanter une ode à la truite
sur un air de schubert
ou de salsa
la vie ça va comme ça
va
avec un tubaandrée wizem
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c.f. atelier en ligne précédent le festival pliant 2015
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Impromptu à la débottée !
Exposition:
Peinture de Marie Fagué
et
atelier d'écriture ponctuel
"Intérieurs"
(nous étions une quinzaine avec les propositions d'écriture de Anna Fisher)
le 13.10.2018
au Cause Toujours
Valence 26
http://lecausetoujours.fr/agenda/atelier-decriture-autour-de-lexposition-interieurs/
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Intérieur
Suspendu
un souffle
entre l'ail et l'oignon
feuille de chou bancale
litres de matière fumeuse
empilement de grisaille
temps de l'herbier
A l'étendage
Christ de froideur
madone à pinces
rayures d'ancêtre
alignement
d'une flopée
de robes et de culottes
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Réminiscences
Ah! ça! J'en ai goûté du jambon
de l'huile de noix plein la cruche
dans la remise près des cochons
Le passage
à l'évier d'angle
près de la verrière
était troué de rêveries bleu de Prusse
à cause de la fantaisie
d'une faïence
Au meilleur des jours?
le feu d'une bouilloire
au pied du fauteuil rouge
volé à l'absence
la ferronnerie débordant
sur une rue
passante
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L'art de la cohabitation.
La pendule n'avait pas posé de problème.
Pourvu qu'elle marche.
Pourvu qu'elle indique l'heure des vaches et l'heure du coucher.
Comme la confirmation du rituel entre nous.
La chaise rouge, non plus, n'avait pas encombré la conversation. Elle était là. Il en fallait deux. Elle, c'était la deuxième.
Le pigment des murs! Voilà ce qui nous a valu la première querelle!
Lui, voulait garder la teinte ancestrale, imprégnée des odeurs de soupe de sa grand-mère.
Moi, je voulais rafraîchir le décor.
L'idée m'était venue le temps d'une lessive.
La lessiveuse ronronnait et les bouillonnements m'avait pincé les narines.
De temps à autre, je touillais les draps.
Et c'est dans une parenthèse de cet acabit que le bleu m'est apparu.
Je versai l'eau sale et fumante dans l'évier d'angle et vins lui tenir tête dans la cuisine.
Là, c'était mon royaume.
Le lieu des confitures et sucreries si je le voulais bien.
Les écumoires jouaient à l'éventail suspendus au bouton d'un couvercle rond en métal.
Ma batterie d'ustensiles de cuisine en cuivre trônait sur le fourneau.
Du turquoise sinon rien!
Il se replia dans la remise.
De là, il se laissa aller à des borborygmes pour détendre l'atmosphère.
Il avait l'art du séchage des agapes d'hiver: jambons, noix...
Et, pommes tapées, sa spécialité!
Il en remplissait des bocaux, bien alignés.
Le tout, entre deux visites au bétail dont il était le maître.
La remise était son fatras.
Il reviendrait avec de quoi vanter ses prouesses.
Et nous serions quitte.
Pour le fauteuil, c'était chacun son tour.
La vie était bien faite.
Les travaux du jour nous séparaient.
Nous avions rarement, au même moment, le loisir d'une pause.
Nous nous croisions dans le petit recoin baptisé "salon": l'un se laissait aller, quand l'autre se levait..
Cependant, lui, n'avait pas les grâces du chat.
Il se contentait de la bouilloire à ses pieds.
Mais nous partagions un rai de soleil passant la fenêtre.
Il nous arrivait de cohabiter au fourneau.
Au dessus des marmites.
Orchestrant le ballet des ustensiles.
Chacun à sa place.
Il préférait faire face à la photo d'une jeune tante religieuse et du Christ en croix qu'elle lui avait offert.
Moi, je plongeais dans les pages illustrées du journal que je fixais au manteau de la cheminée, pour ne rien perdre des dernières nouvelles.
Le café passait.
Le linge séchait.
La pendule marquait nos temps de silence.
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Andrée Wizem
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