• Samedi 1er Juillet 2017

     

    Accessoire de cinéma

    L'éventail est replié - Trente centimètres de long environ - Quel vert - Je cherche - Pas vert sapin ni vert d'eau - Vert comme le

    vert d'une banquette de jardin en rotin peinte en vert que j'ai vue dessinée ce jour - C'est ce vert justement qui sied bien aux

    jardins- Me rapprochant de la palette proposée par wikipédia je dirais que le bois est teinté vert épinard et le tissu vert

    asperge - Car l'éventail se compose de trente languettes de bois comportant des découpes identiques jusqu'au trois quart le

    reste étant aminci comme de larges allumettes en carton plat - Les voilà rassemblées en l'extrémité inférieure tout en étant

    superposées et fixées par un genre d'attache parisienne de métal poli - Par ailleurs alors que les languettes découpées sont

    mobiles et se ploient et se déploient les extrémités sont recouvertes d'une bande de tissu couleur jus d'asperge verte qui les

    relient de sorte que cette bande fait un accordéon au gré du maniement de l'éventail - Une strie de peinture s'est arrachée lors

    de la première utilisation - Sans doute l'éventail a dû être replié trop tôt pour être vendu avant que la peinture d'une des

    languettes ne soit complètement sèche - L'éventail a été trouvé à Cuba - Par qui a-t-il été fabriqué - Je l'emmenais au cinéma

    ou au spectacle pour les moments en manque de ventilation mais il m'a été dit qu'il provoque un cliquettement désagréable -

    Depuis j'emporte avec moi un plus petit éventail dont les parties dissociées en bois exotique vernis pain doré juste percées de

    minuscules trous pour quelques motifs constituent la part inférieure de l'éventail - Ce qui fait un ensemble beaucoup plus

    ferme entre la clouterie à pointe noire qui les rassemble et la plus large bande de tissu collée dans la moitié supérieure de

    l'éventail - Ce tissu est tout étoilé de bleu canard et de blanc bleuté un peu comme ces batiks obtenus par un nouage régulier

    et serré - Procurant un brise silencieuse ce dernier accessoire a l'heur de ne pas importuner le voisinage - Le reste du temps il

    reste au fond du sac tandis que l'éventail de Cuba convient aux atmosphères moins contraintes  loin des salles obscures-


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  • bizarrerie interplanétaire


    j'avais cédé
    à cet entichement de brocante
    avoir une toile cirée du genre planisphère
    aux couleurs pastel
    j'y voyais jour après jour
    vue d'avion des points de la planète
    certainement vastes au plus près de la terre
    mais dont nul ne savait rien encore

    le jeu consistait à se débarrasser des carcans
    des lorgnettes des instruments des jargons des épuisettes des
    moufles des raquettes des coupe coupe et autres panoplies
    pour faire un sort à tout a priori

    il fallait s'exercer à ces modulations
    infinies et étranges
    qu'affectionnaient les amis de picasso himself
    badouklyorski neffdjinamar vioujztzarniep mbiam slitfa
    nomanlincolt youwiltar jetdablafful kisnedjymjoy mals
    blaoudnaoui silmou roamnataon qtoi lremi
    lurdi saxirta ko paozbefu wewewe

    cela nous menait assez loin
    les territoires vierges à l'abri des intrusions inopportunes
    gardaient leurs mystères
    c'est ainsi qu'autour de la nappe monde
    d'épaisses forêts en grottes de falaises
    d'oasis minuscules en déserts vertigineux
    de rivières souterraines en cimes arboricoles
    je pris goût aux infusions patientes
    de secrets ininterrompus

    ah
    te lier sans les lilas
    tel un pli sans multiplis
    déni de poésie
    au parfum je me délie
    âme liée
    muguet
    grignoter le pli
    un atelier sans souris
    vie qui rétrécit
    sous la plume je me délie
    lis lilas
    mue et
    ah

    ah le beau serge
    c'était donc quelqu'un
    comment chanter ses louanges
    entre seize et dix huit vers
    ne pas le laisser sombrer
    dans les limbes de l'oubli
    personne n'est hors programme
    si ce qui s'écrit se dit

    écrira qui viendra
    qui viendra verra
    s'il écrira
    sans blabla

    et
    qui
    s'en
    souviendra

    pas moa pas moa

    voilà donc l'gang du hang
    qu'ont pas trouvé d'mangues
    pour faire tanguer la langue

    dis dong hong
    ton hang
    c'est pas mes tongues
    mon bateau ivre tangue
    dans tout ce blabla dans l'rutabaga

    écrira qui swing'ra
    qui swing'ra rira
    qui vivra aim'ra
    sans blabla

    et
    qui
    s'en
    souviendra

    pas moa pas moa

    le hing et le hang
    hong
    des longues tisseuses
    entre deux lessiveuses
    c'était pas chabada nada
    c'est en sabots ho ho
    qu'il fallait franchir l'eau
    pas d'temps béni
    beni oui oui que revenir à ce pain là là

    voilà donc l'gring du hang
    qui file à tout berzingue
    entre les mots des maux

    dira qui s'souviendra
    qui s'souviendra pleur'ra
    rira bien qui rira
    le premier
    sans blabla

    et
    qui
    s'en
    souviendra
    ne viendra pas s'en plaindre

    en tout cas
    pas moa pas moa

    principe d'évasion
    ne jamais laisser de traces
    ainsi la roue tourne

    rimes à l'amour

    chanson du jour
    sans atours
    chanson d'hier
    de misère
    chanson d'galère
    sur la terre
    chanson d'rivière
    et de pierres
    chansons de pierres
    et de terre
    chanson du jour
    au secours
    rêve d'amour
    sans discours
    chanson
    j'accours
    pour faire court

    haut parleur

    le clocher touche le ciel
    les bateaux sont à bon port
    les agapanthes saturent l'ombre
    les maisons font une digue
    l'océan lèche le sable
    la marée non stop
    aube
    ou crépuscule
    ellipse pour me ravir

    en quête

    disparus de l'image dissous dans le sel
    retrouverez vous les clés jetées des parapets

    angelots d'étrangeté aux lourdes ailes cadenassées
    navigateurs de hasard
    vous n'avez pêché que souliers percés

    enquête sur l'eau
    remugles de violences
    bribes humaines ramenées au filet

    silence de métal au goût de plomb

    pourtant l'image ne laissait rien prévoir
    la baignade n'y était pas interdite
    les bateaux étaient beaux
    le sable émouvant
    toujours crissant joliment
    sous le pied

    la baie bouche bée
    au printemps

    océan étal
    miroir d'argent
    je monologue avec ma nuit
    le tutoiement est un leurre pour les poissons
    l'île
    immobile
    caillou de silence
    silence de nuit
    nuit dans la vie
    vie dans la nuit
    tangage des pensées
    fixer une île
    mus par un fil
    émergence
    infime
    à l'instant
    désir de jour
    d'inflorescences
    hanches de repos
    envisager
    l'île déserte
    l'arbre
    sur le sable
    nu
    dévisager
    le paysage


    passages de témoins
    sans tambours ni trompettes
    le mystère dans l'air s'éthère
    les ruelles ombreuses nichées sous un effilochage de nuages
    repères
    des roulades à la dérobade
    instant d'océan guettant l'instant du reflux
    labour des amours
    en boucles
    une fontaine sourd dans l'arrière pays
    tourne et retourne l'image de la plage
    le regard pris par des coquillages
    quand revient le bris de mer

    de quelle peinture se chauffer

    cette nuit
    où se cache la montagne couchée
    flanc éclairés de lavande
    coulées de résines brunes
    grandiose immergé
    dans la craie blanche de staël
    tu caresses une île sombre
    du regard
    debout à la proue de ta barque
    vacillant comme la flamme
    depuis qu'enfant
    un poster au hasard des couloirs
    a calciné ta pupille

     

    scénario entre chien et loup

    on dirait un vélo

    on dirait un vélo à pied sec pas rouillé

    on dirait un sac

    on irait un sac sans bric à brac pas éventré

    on dirait un banc

    on dirait un banc pas un ban pas de poissons

    on dirait un couteau

    on dirait un couteau sa lame en dedans rentrée

    on dirait un dérapage

    on dirait un dérapage des mirages

    on dirait un dérapage des mirages naufragés

    on dirait une sonnette rouge

    on dirait une sonnette rouge pas de sang tue

    on dirait rien d'alarmant

    on dirait rien d'incommodant pas de mouvement

    on dirait l'heure de se rentrer

    on dirait l'heure de se rentrer sans rien dire sans rien expliquer

    on dirait un jour qui finit

    on dirait un jour qui finit mal ou bien c'est incertain

    on dirait une nuit qui commence

    oui on dirait une obscurité qui s'installe une insécurité

    on dirait une histoire entre chien et loup

    on dirait bien une histoire

    qui se répète

    on dirait un vélo

    on dirait un vélo abandonné

    on dirait une crevaison

    on dirait un scénario

    pour une drôle de saison

    non

    les faits sont têtus
    comme fétu de paille
    et poutre dans l'oeil
    un peu de houle ma boule
    ne nuit pas au voyage
    seule
    la pensée s'obnubile
    quand s'oblitère la monnaie du pape
    en monnaie de singe
    histoire de remplir l'auge sans écoper
    rimbaud le tempêtueux mirage
    n'en est toujours pas revenu
    lui qui de la nuit
    en connaît un rayon

    une rivière si vaste
    qu'elle ressemble à la mer
    ça n'existe pas ça n'existe pas à ce qu'on croit
    l'îlot de rivière
    sans les saules sans ripisylve et amphibiens
    le flot de rivière
    sans bras morts
    que nenni
    quel nino quel nina
    les marins sans marinières
    quel embarras
    sous prétexte de pêche à la mouche
    par un jour de calme plat
    bien gratiné mâtiné buriné enrubanné
    chanter une ode à la truite
    sur un air de schubert
    ou de salsa
    la vie ça va comme ça
    va
    avec un tuba

     

    andrée wizem

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    c.f. atelier en ligne précédent le festival pliant 2015


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  •  

    Impromptu à la débottée !

     

    Exposition:

    Peinture de Marie Fagué

    et

    atelier d'écriture ponctuel

    "Intérieurs"

    (nous étions une quinzaine avec les propositions d'écriture de Anna Fisher)

    le 13.10.2018

    au Cause Toujours

    Valence 26

    http://lecausetoujours.fr/agenda/atelier-decriture-autour-de-lexposition-interieurs/

     

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    Intérieur

     

     

    Suspendu

                        un souffle

                                            entre l'ail et l'oignon

     

    feuille de chou bancale

    litres de matière fumeuse

    empilement de grisaille

     

    temps de l'herbier

     

     

    A l'étendage

                            Christ de froideur

                            madone à pinces

                            rayures d'ancêtre

    alignement

                           d'une flopée

                                                    de robes et de culottes

     

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    Réminiscences

     

    Ah! ça! J'en ai goûté du jambon

    de l'huile de noix plein la cruche

    dans la remise près des cochons

     

    Le passage

                         à l'évier d'angle

                         près de la verrière

    était troué de rêveries bleu de Prusse

    à cause de la fantaisie

                                               d'une faïence

     

    Au meilleur des jours?

                                                 le feu d'une bouilloire

    au pied du fauteuil rouge

                                                       volé à l'absence

    la ferronnerie débordant

                                                       sur une rue

                                                                               passante

     

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    L'art de la cohabitation.

     

    La pendule n'avait pas posé de problème.

    Pourvu qu'elle marche.

    Pourvu qu'elle indique l'heure des vaches et l'heure du coucher.

    Comme la confirmation du rituel entre nous.

    La chaise rouge, non plus, n'avait pas encombré la conversation. Elle était là. Il en fallait deux. Elle, c'était la deuxième.

    Le pigment des murs! Voilà ce qui nous a valu la première querelle!

    Lui, voulait garder la teinte ancestrale, imprégnée des odeurs de soupe de sa grand-mère.

    Moi, je voulais rafraîchir le décor.

    L'idée m'était venue le temps d'une lessive.

     

     

    La lessiveuse ronronnait et les bouillonnements m'avait pincé les narines.

    De temps à autre, je touillais les draps.

    Et c'est dans une parenthèse de cet acabit que le bleu m'est apparu.

    Je versai l'eau sale et fumante dans l'évier d'angle et vins lui tenir tête dans la cuisine.

    Là, c'était mon royaume.

    Le lieu des confitures et sucreries si je le voulais bien.

    Les écumoires jouaient à l'éventail suspendus au bouton d'un couvercle rond en métal.

    Ma batterie d'ustensiles de cuisine en cuivre trônait sur le fourneau.

    Du turquoise sinon rien!

    Il se replia dans la remise.

     

     

    De là, il se laissa aller à des borborygmes pour détendre l'atmosphère.

    Il avait l'art du séchage des agapes d'hiver: jambons, noix...

    Et, pommes tapées, sa spécialité!

    Il en remplissait des bocaux, bien alignés.

    Le tout, entre deux visites au bétail dont il était le maître.

    La remise était son fatras.

    Il reviendrait avec de quoi vanter ses prouesses.

    Et nous serions quitte.

     

     

    Pour le fauteuil, c'était chacun son tour.

    La vie était bien faite.

    Les travaux du jour nous séparaient.

    Nous avions rarement, au même moment, le loisir d'une pause.

    Nous nous croisions dans le petit recoin baptisé "salon": l'un se laissait aller, quand l'autre se levait..

    Cependant, lui, n'avait pas les grâces du chat.

    Il se contentait de la bouilloire à ses pieds.

    Mais nous partagions un rai de soleil passant la fenêtre.

     

     

    Il nous arrivait de cohabiter au fourneau.

    Au dessus des marmites.

    Orchestrant le ballet des ustensiles.

    Chacun à sa place.

    Il préférait faire face à la photo d'une jeune tante religieuse et du Christ en croix qu'elle lui avait offert.

    Moi,  je plongeais dans les pages illustrées du journal que je fixais au manteau de la cheminée, pour ne rien perdre des dernières nouvelles.

    Le café passait.

    Le linge séchait.

    La pendule marquait nos temps de silence.

     

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    Andrée Wizem

     

     

     

     


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  •  

    Keny Arkana

    Esquisse 3

    https://www.youtube.com/channel/UC0fFj_FgksTyPJzGoUVFBqw


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  • extrait

    de malypense

     

     

    andrée wizem


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  •  

     

    la poète et moi

    (à valérie rouzeau)

     

    texte publié le 15 décembre 2012

     

     

    andrée wizem

     

     


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  • déjà publié le 21 novembre 2012

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    récemment j'ai eu la bonne surprise d'être informée d'un atelier d'écriture à proximité...

    organisé par la m.j.c. de tain l'hermitage en lien avec la compagnie michel tallaron installée à vienne

    cet atelier souhaitait nous entraîner sur les bords du fleuve...projet au long cours de la compagnie...

    (ateliers le fleuve à voix haute...clic...)

    les propositions d'écriture formulées par marie frering écrivaine étaient accompagnées d'une proposition de mise en voix par michel tallaron...

    c'est ainsi que j'ai rencontré des compagnes d'écriture lors de deux séances sur trois auxquelles j'ai participé...

    marie frering et michel tallaron nous soufflèrent leurs silences...

    des participantes à ces ateliers ont bien voulu me confier leurs textes...je les en remercie chaleureusement et vous invite à les découvrir...

    certains d'entre eux ont été présentés lors de la soirée du 17 novembre organisée à la m.j.c. destinée à mettre en valeur l'expression des femmes...

    andrée wizem

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    Ateliers « Le fleuve à voix haute » sous la direction de Marie-Frering (écrivaine)

    et Michel Talleron (mettteur en scène). 20/10-27/10-03/11 2012. 

     

    Incipits du 20.10.12:

    "Le cœur du fleuve s'enfonçait en moi..."

    "Je m'enfonçais au cœur du fleuve..."

     

     

    Je m'enfonçais au cœur du fleuve,

    j'avais attendu toute la journée qu'enfin il pleuve.

     

    Tous les jours, je le regarde de ma fenêtre,

    ses couleurs changent au fil des heures,

    Je le regarde se dérouler, passive, attérée, déserte ;

    aucun malheur, aucun bonheur non plus.

    Il y a peu de temps que je vis au fil de l'eau,

    il y a peu de temps que je ne vois plus que le « courant ».

    Je veux que ce courant m'emporte. Sans raisons.

    Juste parce que son mouvement est continuel, perpétuel,

    Juste parce que seuls mes yeux bougent, que je reste immobile, mortelle. 

     

    Je rêve de sortir de ma «cachette», ouvrir ma porte, descendre l'escalier,

    franchir un palier, le seuil de l'immeuble, traverser la rue. 

     

    Je rêve qu'une, deux, trois personnes puis dix, puis cent puis mille me suivent,

    marchent à côté de moi, du même pas.

    Je rêve que nous enlevions nos vêtements, un à un,

    tout laisser sur les berges, quelque soit la saison sans frémir,

     

    nous nous laisserons bercer puis emporter au fil de l'eau,

    émergeant du néant, triomphant, survivant.

     

    Courant bienveillant, habité. Oxygène, animal,

    minéral, végétal.

    Une nouvelle humanité lavée par l'eau du fleuve,

    flottant

    dans la même direction,

    la mer méditerrannée,

    vers un continent

    qui n'existe pas encore

    laissant définitivement

    dans les abysses inaccesibles

    Ce monde qui hurle...

    Et ne plus entendre

    que le murmure de l'eau.       

     

    Texte de Christine.

     

     

     Incipits du 27.11.12:

    "Nous étions sur un radeau..."

    "Passé(e) par beaucoup de méandres"

     

     

    Peut-on sur un fleuve, imaginer autre chose, que le descendre ?

    Peut-on espèrer sortir d'un tunnel après être passée par tant de méandres ?

    Peut-on dans une vie, faire autre chose, qu'acheter ou vendre ?

    Que faire de toutes ces accumulations de « Pouvoir », « Devoir », «Vouloir » ;

    Entendre mais ne plus écouter, voir mais ne plus regarder... 

     

    La pseudo modernité emporte tout : valeurs, croyances, espoirs,

    Le seul courant par lequel se laisser porter : Paraître ? Avoir ? Consommer ? 

     

    Les fleuves continueront à couler, les mers à grignoter les terres, les déserts à avancer.

    Brisés par les vagues grandissantes de « l'urgence » et de l'intolérance,

    Nous ne serons plus bientôt que des petits robots rampants.

    Deux milliards d'êtres humains n'auront pas accès à l'eau dans moins de vingt ans,

    et nous creusons des puits ? Non !

    Des piscines et des tombeaux dans la plus parfaite indifférence. 

     

    Aujourd'hui nous savons, oui nous savons ce que nous faisons,

    Partout sur la planéte, nous soutenons fanatismes, dictatures,et corruptions.

    « Loréal » parce que je le vaux bien, « Mac-donald » pour faire américain,

    « Fessse-book » pour avoir des copains et laisser tranquillement crever son voisin.

    « Gala », « Voici » et Bien sûr « TF1 » pour ne pas me différencier des crétins. 

     

     - Mais quoi ? Tu veux quoi ? Naviguer à contre-courant ? 

     - Oui ! Je veux esssayer ! Ramer, m'indigner, m'enchanter.

     

    Cueillir des fleurs, écrire des mots, rencontrer ces «autres», sentir le vent,

    Oublier de me résigner, je veux aimer pour ne rien avoir à regretter.   

     

    Pourtant inexorablement une humanité consentante marche sur les traces de ses ainés.

    Profits, assassinats, carnages, génocides, destruction organisée.     

     

    Ça nous révolte ???

    Alors comment est-ce possible...

    Que tout cela se déroule ?

    Parce que ! Depuis que

    le monde est monde,

    il paraît que...

    C'est toujours

    la même eau qui coule...      

     

     

    Texte de Christine.

     

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    Ateliers Le Fleuve à Voix Haute

    Textes imaginés par Pauline

     
    LE 20 10 2012      Je m’enfonçai  au cœur du Fleuve…

     
             Alors que la passerelle était secouée par les bourrasques d’automne, je m’immobilisai face au courant. Le Fleuve, majestueux,  imperturbable, glissait vers le Sud, silencieux ; Sa surface à peine ridée par quelques vaguelettes était impénétrable. Rien ne laissait deviner qu’il avait traversé un grand lac ; accueilli en son flanc ruisselets et torrents. Aucune trace de sa traversée de Lyon, ni des batailles livrées pour franchir les barrages dressés sur son parcours .
             J’essayai de sonder la mémoire du Fleuve : après avoir imposé le rythme de ses crues aux riverains, il avait dû se transformer  et permettre aux hommes d’entrer dans la modernité :finies les escapades dans les lônes, place aux digues, aux embarcadères et aux ponts .finis les moulins et  les bateaux-lavoirs, place aux usines hydroélectriques et aux centrales nucléaires.
              Pourtant, malgré ses blessures, le Fleuve poursuit sa mission. Il relie toujours les hommes et, dans ses flots ou par le rêve,  les accompagne jusqu’à  la mer.
     
    ...............


    Le 27 10 2012       Passés par beaucoup de méandres…

     
                 Nous avons décidé de remonter le cours de la rivière jusqu’à sa source en partant des ramières. Là, paresseuse, la Drôme s’étale sur ses galets blancs, serpente entre les îlots piquetés d’arbres à papillons et de petits saules.

    Plus loin, aux abords de Crest, de vieilles digues herbeuses la bordent . Puis, un gracieux pont de bois la franchit, sans altérer l’aspect sauvage des lieux. Mais, très vite , le cours d’eau doit se soumettre à la volonté des citadins : la rivière doit passer là, dans ce chenal étroit bordé de hauts quais de pierre grise.   

     

    Heureusement, en amont de l’agglomération,  elle retrouve sa nonchalance et, de méandres en méandres, on parvient à Saillans. La rive droite, en pente douce, accueille campings et coins pique -nique, tandis que la rive gauche, plus abrupte est surmontée de  larges maisons anciennes.

     

    Au-delà de Saillans, la vallée se resserre et la rivière se faufile entre deux escarpements calcaires ; c’est le défilé d’Espenel. On débouche alors dans la plaine de Vercheny où de profondes couches  de gravier ont permis l’installation d’une carrière et aussi, hélas, son prolongement, la  bruyante centrale à béton.

     

    5 km plus haut, le village de Pontaix s’étire le long de la Drôme.  Les maisons et le temple  lui-même ont les pieds dans l’eau . Seules, les ruines du château féodal dominent l’étroite vallée. Nous sommes maintenant dans le Diois , « capitale » Die, mais la rivière évite soigneusement cette ville. Peut-être est-elle jalouse de  la  Clairette, seul liquide honoré dans  cette cité viticole ?

     

    En amont, notre rivière n’est encore qu’un torrent  joyeux et limpide.  Au-dessus de Luc  en Diois, voici le Saut de la Drôme. Là, notre petite rivière bondit du haut des rochers du Claps pour  abonder le petit lac.

            Encore quelques kilomètres et nous  cheminons près d’un  ruisseau qui musarde entre les arbres. Est-ce bien la Drôme, ce filet d’eau si modeste ? Nous hésitons entre deux directions, mais  nous nous rappelons soudain  cette petite formule : « La Drôme, à  Valdrôme elle se nomme ; à Livron, elle perd son nom.». Alors,  nous  délaissons  le bras d’eau  qui vient du marais et nous remontons le vallon jusqu’à la source, une zone humide  près de La Bâtie des Fonts.
     
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    Le 03 11 2012      Franchir le pont
     
        Depuis longtemps, je rêve de découvrir le ZANSKAR . Pour rejoindre ce royaume des cimes, j’imagine  très bien la montée interminable,  par  des sentiers étroits accrochés aux pentes abruptes. Nos énormes sacs à dos meurtrissent nos épaules  courbées et,  du paysage grandiose, nous ne voyons que les cailloux du chemin et les herbes rares. Cependant, les haltes sont nombreuses car le torrent,  tout en bas, miroite et gronde, attirant notre attention et forçant notre admiration.
        Rapidement, notre respiration devient plus difficile ; la haute altitude ralentit notre progression. La fatigue marque les visages. Chacun espère découvrir, après le prochain  virage, ce pays authentique tant fantasmé. Mais, derrière les blocs de roche qui nous le cachaient, horreur !  C’est un fragile pont de corde qui se balance devant nous ! En dessous, le précipice est impressionnant. Je n’ose regarder tout en bas. Le torrent s’est tu. Peut-être est-il emprisonné dans une gorge trop profonde pour qu’on puisse l’entendre ? Non, au contraire, son lit s’est élargi et,  des dizaines de mètres au-dessous de nous,  il musarde tranquillement, sans se soucier de quelques  marcheurs tétanisés devant une traversée si périlleuse. Qui va franchir l’obstacle en premier ? Personne ne se décide. Chacun espère une alternative. Certaines parlent même de rebrousser chemin. Après une ascension aussi pénible,  comment l’envisager ? Allez, courage ! Je me lance, prudemment, les mains crispées sur la main courante qui ploie. Pas à pas, tandis que la passerelle oscille de plus en plus, je progresse lentement. Me voilà au milieu. Rester concentrée ; garder le même rythme ; ne pas regarder en bas…Cette traversée est interminable ! Enfin, l’autre rive m’accueille ; la terre ferme ou plutôt, le sentier d’éboulis !  
        Je  pourrais être fière d’avoir franchi ce pont.  Mais, existe-t-il vraiment ? En réalité, je ne suis jamais allée au ZANSKAR.

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     Incipit du 27.11.12:

    "Passé(e) par beaucoup de méandres"

     

     

    Passer par beaucoup de méandres.

    Traverser.

    Découvrir le fleuve à l’aube,

    quand la brume se dissipe,

    au moment où tout se dévoile.

    Rester là.

    Ecouter.

    Laisser battre son cœur

    au rythme de la vie qui s’éveille.

    Puis, partir.

    Aller vers toi,

    sans te voir.

    Regarder.

    Regarder le fleuve.

    Etre éblouie par sa beauté,

    les reflets sur l’eau,

    ces myriades d’étoiles

    qui scintillent sous le soleil.

    Repartir,

    le cœur en fête.

    S’attarder.

    Prendre le temps.

    T’apercevoir au loin.

    Aller.

    Venir.

    Repartir.

    Ne pas regarder derrière soi.

    Courir.

    Prendre les oiseaux,

    les fleurs, les herbes folles.

    Courir.

    Te rejoindre là où tu es,

    là où tu m’attends.  

     

                                                       Mireille.     


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    Atelier écriture « le fleuve à voix haute »

     
    Nous étions sur un radeau
    Passé(e) par beaucoup de méandres
     
    Comment ça s’appelle déjà, ces trucs, ces tourbillons, mais si tu sais bien…
    On dit qu’ils aspirent  les marins intrépides… un entonnoir géant… un gouffre d’eau noire…
    Cauchemar d’enfant où je voyais s’agiter des pantins désarticulés dans une glissade qui s’accélère.
    «  Ta Claudine, je l’ai jetée à la rivière »
    Je réalise que c’est ma préférée. Le caoutchouc est noir de crasse, les bras sont fixes mais c’est sûr, c’est ma préférée.
    Je la vois tourbillonner au dessus de l’eau, danser à la surface avant de disparaitre. La scène se répète, arrêt sur image, je regarde incrédule l’air si pur, le ciel si bleu, l’eau si calme, une profondeur si  épaisse.
    Le maelstrom,  juste un friselis à la surface de l’eau, quelques volutes qui s’enroulent et serpentent. Le canot pneumatique ruse avec la vague et se joue du courant. Un éclat d’eau et des gouttelettes qui s’accrochent à mes cils. Fraicheur joyeuse où se mêlent paysage d’aujourd’hui et image du passé.
    De port en port nous poursuivons notre voyage
     
     
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    Franchir le pont
    Cette pensée ruisselle souvent dans ma tête

     
    D’abord, c’est juste un chuchotement qui s’insinue, une ride à la surface de l’eau, le bruissement de l’air dans les herbes sèches.
    Un bras qui jaillit,
    Courir, courir, le pied touche à peine le sol, chercher des appuis fermes entre les bourrelets de mousse et la broussaille humide, ne pas hésiter, rester alerte, économe, équilibre à peine tenu.
    Une langue de sable sur le bord de la rivière, claire et chaude, image fugace d’une pause impensable pour qui sait si bien courir.
    L’eau est montée jusqu’à mi-course dans le pré d’en bas.
    Courir à jupe retroussée, eau, soleil, la morsure de l’air sur les griffures des cuisses.
    Ca suffit  maintenant
    Le souffle trop court, et s’arrête la course folle, martellement des tempes, les pieds dans la vase, de la boue glisse entre mes orteils ;
    La tête lourde, si lourde.

    Textes de Brigitte.
     

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    incipits du 27.10.12:

    "nous étions sur un radeau"

    "passé(e) par beaucoup de méandres"

     

    une belle idée avec des ailes

     

    c'est une idée flottante que celle de naviguer

    un os à ronger

    bois flotté 

    infiniment ramené au rivage

    porosité minérale de berges infiltrées

    c'est une idée qui bat sa coulpe

    percutée de plein fouet au côté

    berges plongeantes

    terre imprégnée

    c'est une pensée qui s'installe

    les pieds dans l'eau

    avec les cygnes

    becs sous les ailes du froid

    vertèbres enroulées

    au cervical

    c'est une impression vaseuse

    une fange d'herbes et d'ajoncs

    un fleuve inerte troué de vagues

    c'est un tissage besogneux

    berges brassées avant le vent

    avancée de bois où se trame la ligne de flottaison

    c'est une vue de l'esprit qui se jette à l'eau

    berges à dos d'oiseau

    cous dénoués

    plumes trempées

    c'est une idée de papier qui perd pied

    c'est un oiseau sur un bateau

    infiniment tenu par le fil

    à la patte

     

    texte de andrée wizem

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    Incipits du 03.11.12:

    "franchir le pont"

    "cette pensée ruisselle souvent dans sa tête"

     

     

    Elémentaire.

     

    Dès les volets ouverts, sa première pensée le ramena à l'oubli d'un pépin, pourtant si remarquable.

    C'est un jour de grand vent, alors que le ciel lui infligeait des tirades de pluie à l'horizontale, retournant à tout va les armatures arc-boutées du monde, qu'il avait décidé d'entrer dans la boutique de maroquinerie la plus renommée, pour sélectionner le parapluie adéquat aux intempéries où il baignait.

    Le pommeau de buis eut l'art de lui plaire. Les plis de la toile s'ouvraient et se refermaient en un tour de main. Il avait ainsi l'instrument parfait pour arpenter les rues de la ville.

    Il prenait, en enfilade, les galeries une à une, traversant, d'un regard de maître, les vitrines, pour épouser les formes des sculptures, les contours des tableaux, les creux des céramiques, et ces objets étranges qui poursuivaient leur vie sur des comptoirs en bois précieux ou des étales d'aluminium.

    Il avait toujours rêvé de faire voyager des oeuvres autrement que dans des containers blindés.

    Il se voyait volontiers passeur de trésors, allant sur le fil tendu entre les continents, à mille lieues au dessus de la géographie terrestre, trouvant, au millimètre près, l'équilibre entre ses deux mains, l'une tenant le pépin, l'autre ce qu'il fallait sauver.

    Au faîte de ses épaules de sherpa, expert au portage de l'eau lors des expéditions extrêmes, mûrissait le projet d'une traversée entre deux pays, entre deux mondes, entre deux langues.

    Dans ses allées et venues trans-frontières, cette pensée, solide comme un roc, essuya les averses du jour, submergée, sans toutefois ruisseler dans sa tête.

     

    Texte de Andrée Wizem

     


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  • "stand by me"

    à la 10ème édition du Festival Jazz des Puces de Saint-Ouen.

     

    didier lockwood

     

    a.w.


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