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              Il faut laisser faire les jardins

"Ecrire permet de dévorer ce qui nous dévore"

Là voilà cette closerie des lilas

et ses rhizomes germinatoires, ses élancements ligneux,

ses vivaces, sa pollinisation aventureuse

des terrasses, des murets et des alcôves.

Toute une bâtisse plonge au jardin

comme dans son bain de jouvence.

La ribambelle des tuiles, les moulures de briques

déclinent leurs variations en écho

à des arabesques de métal tapies au sol.

Les ombres violines nous gagnent

et serpentent dans le labyrinthe des roses.

Le séquoia mouline, de ses branches,

ses coulées d'écorces centenaires.

"L'expérience pure est un feu, la poésie est notre médecine"

Oui, laissons faire les jardins.

Laissons ce consumer l'encens des iris suaves.

Laissons les chats mordre aux valérianes pourpres.

Laissons, dans le mitan, se défleurir les buissons,

se volatiliser leurs essences subtiles.

Laissons la meule, sans fin,

à son bric-à-brac d'en dessous les verrières.

Laissons le hibou d'argile, caché dans sa grotte,

suivre nos allées-et-venues déambulatoires.

Puisons dans son regard nocturne,

toute la houle, verte et mauve,

d'une closerie

qu'il nous a plu d'arpenter.

              Andrée W.

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