• Trace de slam 35...

    jean luc est réapparu sur la scène slam
    et cela  ouvre le paysage
    en poésie...

    lors d'une soirée de novembre
    à la médiathèque de valence
    mon attention s'est portée sur l'un de ses textes
    qu'il a bien voulu m'adresser...

    à vous de le  découvrir
    en attendant la prochaine scène ...

    andrée w.

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    Le mur du fond, dans mon jardin…

     

     

       

    Chez moi j’avais un mur balaise

    Qui f’sait tout l’fond de mon jardin ;

    Et là, j’me sentais très à l’aise

    Pour faire chier tranquille mes voisins…

    C’était un mur genre trop fortiche,

    Tout en pierres sèches, mais du costaud

    Du mur qui f’sait pas mur de riche

    Mais quand t’as froid, c’est du mur chaud…

     

    Du mur qui, quand j’étais marmot

    Savait avoir des mains si douces

    Que pour moi, m’faire caresser l’dos

    C’était bien mieux qu’sucer mon pouce…

    Qui me frôlait le creux d’la main

    Jusqu’au rivage du sommeil

    En m’laissant penser que demain

    Y s’rait toujours là, et pareil…

     

    Entre ses pierres, c’était l’asile

    De toutes mes cachettes à secrets :

    J’y planquais mes mots difficiles,

    C’était mon confident muet…

    Un mur, c’est la preuve évidente

    Qu’y a des toujours pour s’appuyer ;

    Que, quand la vie est trop en pente

    On peut venir s’y rattraper…

     

    Alors j’avais pris l’habitude

    De venir m’y mettre à l’abri

    Quand le monde devenait trop rude,

    Quand j’me sentais bien trop petit…

    Et j’ai cru qui s’rait toujours là,

    Quoiqu’il advienne, quelqu’temps qu’il fasse,

    Qu’mon mur, y tiendrait toujours droit,

    Qu’la vie s’rait pas si dégueulasse… 

     

    Oh certes, ça f’sait d’jà quelques temps

    Qu’mon mur avait des pierres en pentes

    Mais moi, j’trouvais ça élégant

    Ce p’tit guingois du temps qui tente…

    Du temps qui tentait de m’faire peur

    Mais moi j’m’en battais franc les ailes,

    Pour les papillons et les fleurs

    Les murs, ça peut qu’être immortel…

     

    Et puis en sortant ce matin

    Dans ce froid de début d’hiver,

    J’ai vu qu’au fond de mon jardin

    On voyait plus de ciel qu’hier…

    J’voulais faire semblant d’pas comprendre

    Mais j’savais bien c’que j’allais voir ;

    Qu’il allait geler à pierre fendre

    Au profond de mon désespoir…

     

    Mon mur, sans bruit ni préavis,

    Avait mis les genoux à terre

    Et avait couché sans un bruit

    Toutes ses pierres dans mes parterres…

    Mon mur, dans un dernier salut

    M’avait laissé un grand trou bleu,

    Un dernier baiser que j’ai bu

    Et qui me ressort par les yeux…

     

    Y’a pas d’age pour être un enfant

    Qu’ya peur de traverser la route,

    Et nos premières foulées de grand,

    C’est quand on est seul, qu’ya plus d’doute…

    Y’a pas d’age pour être orphelin,

    Les cheveux blancs, c’est que d’la frime,

    C’est de la neige sur un gamin

    Qui tremble et pleure dans son intime…

     

    Mais ce trou bleu, dernier cadeau

    Qu’il m’a offert en s’effondrant,

    Je m’y trouble et le trouve beau :

    Mon paysage y est plus grand…

    Je n’y referais pas un mur,

    Peut-être un rideau de bambous

    Pour y écouter le murmure

    Du vent, des rires et des haïkus…

     

    Et puis, en y réfléchissant,

    En triant un peu les caillasses

    Je pourrais bien m’en faire un banc

    Pour y réchauffer ma carcasse…

    Regarder le soleil couchant

    En écoutant couler la source ;

    Et ça plairait p’t-être aux enfants

    D’y déconner sous la Grande Ourse…

     

    Peut-être même qu’avec les restantes

    Y’aurait moyen de faire enfin

    Ce bassin laissé en attente,

    Que j’dis toujours que j’f’rai demain…

    Tu vois, t’es toujours là mon mur ;

    Changer d’endroit, changer de forme

    Ça doit te plaire, ça j’en suis sur :

    Est-ce ainsi que les murs s’endorment… ?

     

    Toi, l’élan d’avant tous mes gestes,

    J’en suis aujourd’hui l’avenir ;

    La liberté, pour ceux qui restent

    C’est d’apprendre à laisser partir…

    C’est le cours normal de la vie

    Que d’apprendre à marcher sans toi ;

    Et être un homme libre qui rit

    C’est le chemin auquel je crois…

    Alors …                                          …merci à toi,

                                                                       Ciao Papa…

     

    Jean Luc

     


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