à alain rais
le vingt cinq avril deux mille huit
c'était un lieu dit
en france à lisbonne ou ailleurs
un coin de restaurant d'entreprise
une librairie le hall d'un théâtre
une fête un théâtre en grand
un bar un théâtre de près
et c'est toi qui te lève
à mon entrée pour me saluer
comment c'est toi je te reconnais
c'était quand déjà
je te vois tel que tu étais
je te reconnais tel que tu es
tu ouvres grand les bras
ta voix est ta voix au long cours
c'est un lieu dit
où tu invites ceux qui pointent l'oreille
un demi cercle un arc qui s'ouvre
un amphi de plein pied
une scène ambulante
construite d'un jour à l'autre
pour accueillir
les poètes par ta voix colportés
c'est bien toi je te reconnais
c'était quand déjà
juste après soixante huit
tu labourais la poésie de village en village
je t'entendais de loin
tes mains depuis toujours sont en porte voix
c'est un lieu dit
le lieu de la poésie
celle mise parfois entre parenthèses
les poètes dont les noms nous échappent
les voix perdues dans le tumulte et là cependant
la poésie toi tu la dis entre guillemets
par toi les poètes jouent à contre courant
les voix tu les portes sur tes épaules
je t'avais mis entre parenthèses toi aussi
mais une parenthèse est un bout de mémoire
prêt à se ranimer au moindre souffle
je ne t'attendais plus
et tu es toujours là
pour moi tu fais vivre un monde de poésie
c'est un lieu dit
celui où ma mère entra dans un théâtre
était ce monsieur plume ou le brave soldat schweik
mais si tu verras tu ne comprendras pas
peut être mais c'est là qu'il faut être
c'était quand déjà
les années soixante dix
je t'entendais en avant première
les textes s'affichaient en avant première
tu cherchais la poésie en avant première
les saltimbanques étaient sur les chemins
que l'on soit dix vingt ou trente
au lieu dit les poètes étaient là
la poésie était sur la place
c'est un lieu dit
le lieu de passage pour la poésie
ce ne sera jamais le même
ce sera peut être dans la parenthèse
dans la mémoire qui se tisse
celle que l'on porte avec soi
juste à portée les jours de trop grands froids
le temps de ressaisir le fil
celui que tu extrais de ta bouche
en portant tes doigts à tes lèvres
tu ne m'attendras plus
pourtant je serai là
comment tu es là je te reconnais
et c'est encore aujourd'hui
andrée wizem
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