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Trace de slam 23...
...lors d'une scène ouverte slam
"au mot à la bouche"
florence a balisé ses poèmes
d'un texte d'Henri Michaux et d'un extrait de La Princesse de Clèves...
les voici tels qu'ils ont été présentés...
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Henri Michaux
Lointain intérieur
"JE VOUS ECRIS
D'UN PAYS LOINTAIN"
"Nous n'avons, dit- elle, qu'un soleil par
mois, et pour peu de temps. On se frotte les
yeux des jours à l'avance. Mais en vain.
Temps inexorable. Soleil n'arrive qu'à son heure.
Ensuite, on a un monde de choses à faire,
tant qu'il y a de la clarté, si bien qu'on a à
peine le temps de se regarder un peu.
La contrariété pour nous dans la nuit,
c'est quand il faut travailler, et il le faut: il
naît des nains partout."
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Florence
Regarde l'ombre sur les mots.
Ombre sur les mots
Regarde- la
le temps qu'elle devienne
Ambre
Un temps pour que les yeux
s'habituent
à l'ombre étrange
et tu distingues
les mots de miel et de feu
Tu devines les liens singuliers
mais nul ordre connu
Traversée
Combien de temps
combien de mots
pour s'en aller?
Combien de mots
combien de temps
la traversée?
Certains s'arrêtent au point
D'autres sont déjà loin
Horizon, toujours ouvert,
la ligne étale
Horizon, elle se coupe
de verticales
Elle se hérisse et s'estompe
à la brume
Elle attire
celui qui longe l'écume
Déployer ses racines,
être arbre, être humain,
Poussées par la pensée,
la chaleur dans les mains.
Dans le soleil happé,
ramures élevées
Dans la terre profonde
marques de la foulée.
Depuis combien de temps
Combien de temps
combien de mots
pour s'en retourner?
Fin de traversée
Post-scriptum
Voyages au bord de la Drôme -
les Ramières -
rives enneigées, bleu vert,
îles des poissons géants échoués
ou en attente,
écailles brillantes,
lumière grise argent de l'hiver,
comme en négatif herbes folles et
graminées, et branches dénudées,
vol d'oiseau,
brume qui aplanit,
perspective en strates de galets
et d'eau qui me rappelle un pays
étrange que j'aurai visité
seulement les yeux clos
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Madame de la Fayette
La Princesse de Clèves
"Car, enfin, elle m'aime, disait-il ; elle m'aime, je n'en saurais douter ; les plus grands engagements et les plus grandes faveurs ne sont pas des marques si assurées que celles que j'en ai eues. Cependant je suis traité avec la même rigueur que si j'étais haï ; j'ai espéré au temps, je n'en dois plus rien attendre ; je la vois toujours se défendre également contre moi et contre elle-même. Si je n'étais point aimé, je songerais à plaire ; mais je plais, on m'aime, et on me le cache. Que puis-je donc espérer, et quel changement dois-je attendre dans ma destinée ? Quoi ! je serai aimé de la plus aimable personne du monde, et je n'aurai cet excès d'amour que donnent les premières certitudes d'être aimé, que pour mieux sentir la douleur d'être maltraité ! Laissez-moi voir que vous m'aimez, belle princesse, s'écria-t-il, laissez-moi voir vos sentiments ; pourvu que je les connaisse par vous une fois en ma vie, je consens que vous repreniez pour toujours ces rigueurs dont vous m'accablez. Regardez-moi du moins avec ces mêmes yeux dont je vous ai vue cette nuit regarder mon portrait ; pouvez-vous l'avoir regardé avec tant de douceur, et m'avoir fui moi-même si cruellement ? Que craignez-vous ? Pourquoi mon amour vous est-il si redoutable ? Vous m'aimez, vous me le cachez inutilement ; vous-même m'en avez donné des marques involontaires. Je sais mon bonheur ; laissez-m'en jouir, et cessez de me rendre malheureux."
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Tags : temps, aime, mot, combien, moi
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