• moisson

     

    dans l'opacité

    un astre doit surprendre

    voilé par la pollution des villes

    perdu aux premières heures sur la terre

    tournesol égaré

    un rêve

    à peine né

     

    andrée wizem


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  • place publique

     

    vous trouverez toujours

    des amateurs de mains coupées

    des férus de membres démantibulés

    des chasseurs de têtes tranchées

    des spécialistes de brûlés vifs

    et parmi le troupeau

    des femmes

    pleureuses pour l'occasion

    fatalistes des siècles de tueries

    collectionneuses des  solutions punitives

    encouragées par des hommes au front bas

    pour peu que vous vous employiez à les chercher

    quand vous serez là

    libre à vous de risquer

    un chant de paix

     

    andrée wizem


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  •  joubarbe fleurie

     

    oubliée

    la lente progression des rosaces

    les mouvements concentriques des ronds de surface

    marqués de l'assèchement des hampes grêles sitôt apparues

    le repli de l'eau sous les affronts des brûlures et des dards

     

    le nouvel arcimboldo n'est pas encore né

    qui nous affublera

    de lichens d'orpins de bouillon blanc de sedums de capillaires

    de draves d'artichauts de lézards de perce muraille d'ombilics des rochers

     

    la joubarbe

    offre sa persévérance boursouflée

    ses rougeurs de patiente couperose tardive

    ses embellissements de bords des toits

    ses enracinements de l'impossible

    aux murs de rase campagne et des cités défraîchies

    dans l'ambiance taiseuse

     

    que fait arcimboldo

    des saisons de pluies acides des ciels de plomb

    des succulentes intrusives des incongruités du paysage

    arcimboldo rêve

    de choux fleurs de reines des glaces de radis roses

    de betteraves rouges de belles de mai d'oseille des prés de pois gourmands

    de pain de sucre

    endormi dans son tombereau

     

    andrée wizem


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  • anti oxydants

     

    le temps est aux intermittences grises

    j'y glane la couleur des dernières tomates

    ce rouge acide qui traverse les peintures contemporaines

     

    il y a peu

    dans les bras des enfants

    les poissons aux écailles sang et or

    les oiseaux de nuit apprivoisés à force de regards perçants

     

    j'y glane le vert des dernières salades

    cette dentelle ajourée imprimée au bas des garde robes

    ce jaune pâle charnu et velouté aussi délavé qu'à la feuille d'un coléus

    volé aux jardinières de la ville

     

    je cherche pour ces pigments

    les pots des apothicaires dignes de ce nom

    assez fous pour que les excroissances cornées les rémiges singulières

    deviennent sous le mortier des anti oxydants résistants au laser du temps

     

    andrée wizem


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  • rendez vous

     

    je faiblis mais ne me rends pas

    je persévère

    comme tout le monde je prends les mots à disposition

    pluie par exemple ça tombe bien le mot est à propos

    il pleut c'est jour de pluie

    ça tombe bien c'est l'automne

    pluie à l'horizontale signe de vent

    ça tombe bien colchiques dans les prés

    là les images s'embrouillent

    entre deux gouttes


    hier ou un autre jour on n'est plus à ça près

    une armada de jeunes filles en chemisettes bleues

    traversait le village

    sans chanter de ça ira ça ira non

    ni de il pleut il pleut bergère non

    ni même de do do goutte do tout le long de la rivière non

    des grognements de troufions haranguées par des porteuses de drapeaux

    ça vous en met un coup ça vous rappelle des choses

    vous vous retrouvez avec l'esprit mal tourné


    de ce fait les colchiques vus dans le vercors font bien d'y rester

    et les fleurs de lys en automne doivent être une erreur de la météo

    ou de ces fleurs venues sous serre contre nature


    la pluie a cessé plus de vent ça tombe bien

    passons à autre chose

    chassons

    le mauvais temps


    je faiblis mais ne me rends pas

    j'ai rendez vous avec fort à propos


    andrée wizem





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  • pensée sauvage

     

    les petites pensées

    quoi de plus léger de plus imprévisible

    surgissant sans être attendues

    fleurs de jours sans apparat

    petits grains de gaieté

    masques de fantaisie

    où le grand froid

    vient se grimer

     

    andrée wizem


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  • ...................................................................

    nuages transperçés

    les gouttes s'écrasent à nos pieds

    rumeurs de la ville

     

    encrassement du bitume

    une odeur de chien mouillé

    ...................................................................


    andrée wizem

     


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  • un mort de plus


    tout au long du jour

    les automobiles sont passées

    près d'un blaireau déposé sur le bas côté


    chacun y est allé de ses grandes réflexions

    au rythme des essuie glace balayant la pluie

    avant c'était le passage des chevreuils

    le renard a suivi le même chemin

    maintenant les blaireaux

    quoi d'autre après

    il faut s'attendre à tout


    un quidam s'est étonné de la taille de l'animal

    arrivé à cet âge avancé et découvrir

    que tout est différent de ce qu'on imaginait

    je mourrai moins bête se dit il ragaillardi par la perspective


    mais que fait donc le blaireau de son cerveau de plantigrade

    cela échappe bien souvent à notre entendement

    qui peine à se laver de certaines légendes

    prodiguant toutes sortes de sagesses

    les plus controversées

    il creuse  et se tapit dans son giron familial transgénérationnel

    il mange la nuit en compagnie des chats de gouttière et des chiens errants

    la pluie retient le nec plus ultra de ses déjections d'omnivore

    quand on voit un blaireau on voit un sureau dit le dicton sans rire


    au lendemain de ce jour

    les automobilistes ne voient plus le corps lourd sur le bas côté

    qui s'est finalement chargé du besogneux transport

    la nuit est elle le terrain de prédilection pour assainir nos chemins

    d'habitude la nuit on dort dit le quidam qui s'en lave les mains


    ainsi la mort du blaireau aura réussi

    à occuper nos esprits le temps d'une averse

    et alors comme diraient les psy qui n'en ratent pas une


    et alors

    pourquoi pas quelques lignes de plus

    pour une histoire de blaireau du vingt et unième siècle

    nous méditerons en attendant le prochain épisode

    le corps n'est pas encore identifié


    andrée wizem


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  • chat moi jamais


    les carrés de soie

    les sous verres florissants

    esprit de la maison ainsi qu'en un panier

    les  pupilles fendues à l'entrebaillement du monde


    pluie de pétales et d'étoiles

    selon les voeux de séant

    et du bien pensant


    panier à soi

    au milieu d'une cour

    dame qui miaule roulée en boule

    ses grands yeux de nuit gardant ses secrets


    le logiciel est là pour la métamorphose

    sélection des outils

    silhouettes enregistrées

    collection de fleurs cataloguées


    patchwork flambant neuf

    pour un dessous de panier


    andrée wizem


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  • clichés

     

    aux murs

    l'accrochage d'un chat

     

    passages maîtrisés

    dans les gris souris

     

    regards dans les phares
    les chats ne sont pas là

     

    choc strident du noir et blanc

    viscères étalées au bitume

    rouge sanguinolent

    un chat

    un oiseau

    autre chose

    l'image est floutée

     

    écorchures sous la gravure

    de la solarisation

     

    andrée wizem

     


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